Du Vice et de la Vertu
La seconde famille de Mitterrand coûta plus cher au contribuable que ne le fera jamais la famille unique de Monsieur Fillon. Le citoyen fut indifférent à la folle défense de l’un et se choque de celle bien moindre de l’autre.
Le fait n’est pas nouveau. Mazarin qui porta la France au plus près de son apogée s’enrichit au-delà du raisonnable et mourut comblé d’honneurs tandis que Fouquet dont la fortune à la fois bien et mal acquise fut moindre, vieillit et mourut à Pignerol.
Devenu égalitaire à la Révolution, le Français à l’égal de ses anciens Rois, oscille entre indifférence blasée et sursaut vertueux dès qu’il s’agit de la richesse réelle ou supposée de ses dirigeants. L’excès de vertu peut être redoutable. L’incorruptible Robespierre fit plus de victimes innocentes que Danton lequel ne dédaignait pas les accommodements avec la fortune des autres. L’excès de vertu peut aussi être ennuyeux : en forçant le trait et au risque de choquer, Borgia et Médicis ont davantage laissé au monde que ne le feront jamais les députés scandinaves circulant à vélo.
La vérité en la matière est à mi-chemin des extrêmes, dans ce que la sagesse populaire appelle le bon sens.
Si Monsieur Fillon a fait sauter l’anse du panier au préjudice de la collectivité, il devra certes rembourser. Pour autant il ne mérite pas la mobilisation sans égard pour les coûts, de Procureurs dédiés, d’Archers du Gué spécialisés et de trois Juges d’instruction. Il ne mérite pas non plus que le débat d’idées qu’il a lancé soit abandonné aux poubelles de l’histoire.
De même s’il faut s’assurer qu’assistants parlementaires et conseillers divers des ministres travaillent effectivement, leur interdire d’engager un quelconque membre de leur famille et implicitement leur autoriser l’embauche d’une maitresse ou d’un amant, transgresse les limites généralement admises du ridicule.
La démesure peut être le vice de la vertu.
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