De la Place et des Plages
Il y a soixante-quinze ans tombaient sur les plages de Normandie, des soldats de douze pays, essentiellement Américains, Britanniques et Canadiens. Il y a trente ans tombaient sur la place Tian’anmen et autour, nombre de Chinois du même âge que ceux qui avaient laissé la vie pour libérer l’Europe. A quarante-cinq ans d’écart, l’enjeu était de même nature, celui des valeurs que portent les démocraties.
Il est impératif de se souvenir du Débarquement et de ce que tous doivent à chacun qui y a péri. Il est tout aussi impératif de savoir que les dictatures sont protéiformes, qu’elles ne se sont pas éteintes avec la dernière guerre mondiale et qu’elles perçaient à nouveau dans la répression de Tian’anmen.
Certes la Chine contemporaine n’est pas l’Allemagne nazie et Monsieur Xi JinPing n’est pas Hitler. Néanmoins un régime qui enferme ou fait disparaître opposants, minorités religieuses et autres, qui use des sciences pour tenir en fiche et en laisse sa population, qui étend son emprise sur le globe et qui annexe des eaux internationales, est bien constitutif d’une menace pour tout pays soucieux de son indépendance et de ses libertés.
Cependant pour qu’une nation puisse porter haut les couleurs de la liberté et de la démocratie, encore faut-il que sa population soit convaincue de l’importance de ces principes. Or, en Europe pour parler d’elle, nombreux sont ceux qui semblent saisis d’une fascination complaisante envers les dictatures pourvu qu’elles apportent l’illusion de la sécurité et l’apparence de la prospérité.
Le résultats des urnes en Hongrie, en Pologne, en Italie, en Russie, au Brésil et aussi en France, ne laissent pas de surprendre, soixante-quinze ans après le Débarquement et trente ans après le massacre de Tian’anmen.
Le ventre chaud d’où est sortie la bête immonde est dans la tête de chacun et c’est à chacun de la réduire avant qu’elle ne l’étouffe.