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Le blog de Stephen Monod
2 mars 2017

Du crime et de l’humanité

Caïn tua Abel, Jupiter tua Saturne lequel avait l’habitude fâcheuse de manger ses enfants, Agamemnon sacrifia Iphigénie, Romulus tua Remus et Abraham a bien failli tuer Isaac.

Le meurtre est à ce point consubstantiel à l’humanité qu’il est présent dans tous ses récits ou mythes fondateurs. L’humanité a davantage tué l’homme que celui-ci n’a tué l’humanité et il est difficile de concevoir un crime contre celle-ci dont la nature serait différente de ceux dont elle porte la responsabilité.

Intuitivement le crime contre l’humanité se comprend comme collectif et barbare. Cependant tout crime de cette nature n’est pas un crime contre l’humanité. Les massacres de Vendée furent collectifs et barbares mais ne sont pas retenus comme crime contre l’humanité. En réalité la définition de celui-ci répond à une contrainte pratique et à une exigence éthique particulière. Sur un plan pratique, il s’agit d’effacer toute prescription pour certains meurtres de masse les plus odieux. Sur un plan éthique, l’humanité est atteinte quand la raison du meurtre n’est plus une idée, un combat ou une représentation de l’autre mais sa simple existence. Les enfants d’Izieu furent tués du simple fait qu’ils existaient.

Ainsi la notion est étroite et la tentation restera grande de l’élargir tant que la prescription permettra à des meurtres de masse de rester sans jugement, aussi longtemps qu’il ne sera pas compris que s’agissant de crimes de sang, le temps peut ou doit influer sur la peine mais ne devrait pas empêcher les poursuites.

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