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Le blog de Stephen Monod
17 janvier 2019

De la Marche et du Rond-Point

Il ne restera sans doute des gilets jaunes que l’empreinte narcissique de leurs représentants parlant sur les écrans, la vacuité de leur pensée et le déchaînement de leur violence. Née d’un vrai malaise et usant d’un habit inventé pour réfléchir la lumière, cette masse difforme est devenue le reflet obscur de ceux pour qui la démocratie n’est qu’une variable d’ajustement au service de leurs ambitions. Les dérives antisémites, racistes et homophobes, la prise à partie de journalistes et l’idée déroutante que la brutalité de cent mille personnes serait légitime à bousculer le résultat d’une élection, en disent long sur la filiation idéologique de cette addition désordonnée d’individus à la dérive.

 Face à cela l’exécutif a réagi conformément à sa nature mais en mettant la charrue devant les bœufs.

La lecture des institutions par le Président est résolument présidentielle, fondée sur l’exercice solitaire de l’autorité et sur l’idée qu’une relation directe le lierait à la Nation, passant par dessus les corps intermédiaires.

Or à l’aune de ces deux critères, Monsieur Macron a manqué. Lorsque pendant des semaines voire des mois, l’espace public est occupé, qu’une violence extrême s’invite dans les villes à intervalles réguliers et que le bilan est déjà d’une dizaine de morts, il est difficile de ne pas considérer que l’autorité a failli. De même, il est difficile de ne pas convenir que de maladresses verbales en décisions inutiles puisqu’ultérieurement annulées, le Président a entamé le lien qui l’unissait au pays. C’est pour essayer de rétablir ce lien que Monsieur Macron propose une sorte de referendum inversé par lequel les citoyens lui feraient part de leurs souhaits. Cependant, à défaut d’avoir d’abord sifflé la fin de la récréation en rétablissant l’ordre et les libertés qui en découlent, l’initiative de l’Elysée laisse le sentiment délétère d’une tentative d’acheter la paix au prix de renoncements. Cela faisant le Président laisse le Rassemblement National engranger le double bénéfice de la sympathie des gilets jaunes qu’il a implicitement soutenus et de celle d’électeurs qui croiront ce parti seul capable d’assurer la paix dans la rue.

Pour autant, il ne faut pas négliger de répondre au Président. Tout d’abord, chacun peut avoir une idée intelligente. Ensuite et même s’il eut mieux valu que le Président fît preuve d’autorité d’abord et de compréhension ensuite, dialoguer avec lui est toujours une bonne chose, sous réserve qu’en dernier ressort, ce soit les élus qui décident.

 La République a arrêté sa marche sur des ronds-points : il est grand temps qu’elle la reprenne sans limitation de vitesse !

 

 

 

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