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Le blog de Stephen Monod
10 décembre 2015

Des Retours d’Elections

Le Figaro fit sa Une de samedi sur l’importance qu’il attachait au scrutin régional mais à en juger par le taux d’abstention, l’incantation est demeurée sans écho. Trop d’élections tuent l’élection et on ne peut sérieusement penser mobiliser l’électorat pour des élections départementales en mars puis des élections régionales en décembre alors qu’une année auparavant, il était déjà invité à voter à des élections européennes. Peu d’électeurs connaissent les compétences respectives de ces assemblées qui ressemblent de plus en plus à des étapes de carrière pour militants disciplinés.

Le regret que laisse à cet égard le quinquennat de Monsieur Sarkozy est l’échec de sa seule idée intéressante qui consistait à supprimer les régions et regrouper ensemble des départements en des collectivités territoriales nouvelles. Il aurait ainsi enlevé une strate du millefeuille en évitant de constituer des collectivités trop vastes, à terme rivales de l’Etat. Monsieur Hollande a fait le choix inverse en laissant coexister départements et régions et en regroupant celles-ci en des mastodontes. A l’aune du temps long de l’Histoire on relève entre le milieu du IXème siècle et le début du XIIème siècle une lente décomposition de l’autorité centrale au profit des féodalités, puis du XIIème siècle jusqu’en …. 1981, le renforcement puis le maintien de l’autorité centrale et depuis lors, une dilution progressive de l’Etat-Nation au profit d’instances européennes en amont et de régions en aval. La tendance est d’autant plus paradoxale qu’elle est concomitante à la montée de périls auxquels seul un appareil d’Etat est a priori en mesure de faire face.

Ces considérations sur l’abstention et l’amoindrissement de la puissance étatique n’intéressent que très peu les commentateurs tout agités par les succès de la famille Le Pen. Vu de gauche et en oubliant que le Front National n’est pas un parti de droite comme un autre, les résultats de dimanche dernier sont banals. Un parti disposant du pouvoir exécutif et législatif depuis trois ans et ne parvenant ni à résorber le chômage, ni à faire repartir l’activité, ni même à assurer la sécurité intérieure même si d’autres n’y parviendraient guère mieux, est naturellement mal aimé et perd mécaniquement les élections intermédiaires. Vu de droite, a fortiori en se souvenant que le Front National n’est pas un parti de droite comme un autre, les résultats de dimanche dernier sont une Berezina. Dans le clivage gauche/droite qui berce la vie politique des pays de l’Europe Occidentale, lorsque le parti de gauche dominant est rejeté par les urnes, c’est son binôme conservateur ou libéral qui prend le relais. Aujourd’hui en France, le balancier a traversé la cohorte de l’ancienne UMP, de l’UDI et du Modem pour se poser sur le Front National. Autrement dit, les électeurs qui ont voté et plus encore ceux qui n’ont pas voté, ont signifié à ces partis qu’ils n’étaient plus une branche sérieuse de l’alternative électorale.

Si la droite dite républicaine -ou tout simplement bourgeoise pour reprendre une formule chère aux communistes- veut exister au second tour de l’élection présidentielle de 2017, elle doit tout changer. D’abord changer les hommes : Monsieur Sarkozy en marsupilami fripé ne peut incarner de projet à défaut d’en avoir; Monsieur Fillon a certes l’immense mérite d’avoir rédigé un programme mais il peine à le porter et reste l’ancien premier ministre d’un pouvoir au bilan mitigé; Monsieur Juppé a pour sa part un projet pour chaque livre qu’il écrit mais il lui sera difficile d’incarner le renouveau. Il reste peu de monde, sans doute Monsieur Le Maire sous réserve qu’il comprenne que recopier l’Allemagne ne sortira pas la France de l’ornière et qu’appréhendant mieux la réalité d’un monde multipolaire il cesse de croire que les pays occidentaux pourraient utilement envoyer des troupes sur le sol du Moyen Orient.

Ensuite, éviter le piège du front républicain: le front républicain est une façon de conforter le Front National dans son rôle de seul opposant crédible à la gauche, un peu comme le Parti Communiste se présentait comme le seul opposant crédible au gaullisme ou à la droite pendant les années soixante.

Egalement sortir du piège des primaires: un parti de gouvernement est un parti dont l’équipe dirigeante se prépare pendant son temps d’opposition à gouverner plutôt que de s’égarer en une compétition interne puis de bâcler un programme autour de quelques idées simplistes; si elle veut avoir une quelconque chance de gagner les prochaines échéances nationales, l’ancienne UMP doit désigner un dirigeant dont il sera acquis qu’il sera le candidat à l’élection présidentielle et dont la tâche essentielle sera de préparer une éventuelle alternance autour d’un projet et d’équipes structurées pour le porter.

Enfin bien sûr, bâtir un projet lequel doit procéder d’une vision de ce que le pays devrait être à une échéance longue et convenir des moyens pour le mettre en oeuvre.

Vaste programme, trop vaste sans doute.

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