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Le blog de Stephen Monod
15 octobre 2015

Du Petit Chaperon Rouge

Françoise Giroud pensait que le féminisme aurait triomphé lorsque des fonctions importantes seraient confiées à des femmes incompétentes. Que son âme vogue en paix dans les nuages. A en juger par la dernière saillie de Madame Vallaud-Belkacem, nous y sommes presque. La Ministre veut interdire le Petit Chaperon Rouge car le récit de cette petite fille, de rouge vêtue, allant voir sa grand-mère et finissant dans la gueule du loup serait sexiste. Bientôt la Ministre voudra interdire la Belle au Bois Dormant parce que le récit d’une belle qui dort plutôt que de travailler et dont le réveil dépend d’un homme, prince de surcroît, serait aussi sexiste et sans doute également socialement décadent….

Les deux contes que chacun connaît ont le point commun d’être des œuvres de Charles Perrault qui sans nécessairement être un auteur majeur est un écrivain significatif du XVIIème siècle et qui eut le mérite de fixer dans la littérature, des contes répétés de temps immémoriaux.

L’idée d’effacer certaines œuvres du champ de l’apprentissage parce qu’elles ne correspondraient pas à l’idéologie dominante du jour, est la négation même de la notion de culture laquelle est de connaître.

A l’aulne de l’idéologie de la Ministre, toute la littérature pourrait disparaître d’un seul coup d’un seul. Le Marchand de Venise devrait être interdit en raison de Shylock ; Voltaire devrait l’être aussi pour des raisons similaires ; Montesquieu de même car la théorie des climats n’est jamais qu’une théorie des races ; le Cid ne devrait plus être étudié car l’image de Chimène déchirée entre affection filiale et passion amoureuse serait par trop éloignée de celle de Lara Croft sans doute chère à la Ministre; Molière serait banni à cause de sa représentation de jeunes filles en attente attendrie du mariage ….

La logique qui sous-tend les propos de la Ministre est que la culture ne serait qu’un moyen en vue d’une fin politique, prédéterminée. Même si sa mise en œuvre en est radicalement différente et ne peut lui être comparée, la matrice intellectuelle de cette logique est celle des dictatures et des fondamentalismes brûlant des livres et détruisant des statues.

Les œuvres de l’esprit sont toujours le reflet des époques qui les ont vu naître même lorsqu’elles sont prémonitoires de celles qui suivront. En voulant les écarter en raison d’une incompatibilité réelle ou supposée avec les dogmes du moment, la Ministre jette une vilaine lumière sur le troublant retour de l’obscurantisme.

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