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Le blog de Stephen Monod
1 octobre 2015

De Ali Mohammed al-Nimr, du ciel et du sol

Le politique, entendons par là la personne qui fait métier de s’agiter dans le bocal politique, se pense investi d’une compétence l’autorisant à parler de tout et faisant obligation au citoyen de l’écouter.

Depuis que le Moyen Orient est à feu et à sang, l’élu de base qui par exemple peine à se rendre à l’Assemblée Nationale tellement il est occupé par les comices et autres réjouissances de sa circonscription, se croit expert militaire et fin connaisseur du conflit. Lui et ses collègues débattent de savoir si l’Occident doit envoyer des troupes au sol en Syrie et éventuellement en Irak. Entre deux considérations géopolitiques tirées d’un livre d’images, l’élu gagnerait à essayer de tirer les leçons des guerres qui ont suivi la fin du dernier conflit mondial.

La première leçon est que nul ne peut combattre à la place des autres. On peut aider, éventuellement encadrer, mettre en œuvre mais jamais on ne peut se substituer. En Indochine, les américains faisaient la guerre à la place des sud-vietnamiens sans que la greffe n’ait jamais pris.  

La deuxième leçon est qu’une armée étrangère même de libération, devient très vite une armée d’occupation. En Afghanistan, les occidentaux étaient censés libérer les jeunes filles de l’obscurantisme : ils sont venus et ils ont fini par s’en aller, arrivés en étrangers, repartis en étrangers. En Irak, les américains ont quoiqu’on en dise, débarrassé le pays d’un dictateur mais dès qu’ils ont cru pouvoir rester, ils sont devenus une armée d’occupation.

Les leçons du passé devraient suffire à éclairer l’avenir mais il y a en l’occurrence une lumière plus crue qui confirme en tant que de besoin les conclusions de l’expérience. La guerre qui fait rage au Moyen Orient est en tout ou en partie religieuse. En Syrie ce sont notamment des sunnites soutenus par des monarchies sunnites qui ont engagé la lutte contre les alaouites apparentés aux chiites. En Irak ce sont des sunnites écartés à la suite de l’invasion américaine au profit des chiites, qui constituent le vivier de l’état islamique alors que des chiites iraniens opèrent contre celui-ci.

Faire intervenir au sol des forces occidentales pour éradiquer l’état islamique serait la façon la plus sûre de conforter l’assise de ce dernier qui aurait beau jeu d’appeler à l’unité contre les nouveaux croisés.

Plutôt que de faire de la géostratégie de comptoir, le politique gagnerait à défendre une cause dont le bien-fondé est évident : se mobiliser auprès des pouvoirs publics français alliés de la monarchie saoudienne pour qu'Ali Mohammed al-Nimr ne soit pas exécuté : le silence retombé sur la sentence frappant ce garçon dessine en creux la pusillanimité du milieu politique occidental.

 

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