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Le blog de Stephen Monod
25 juin 2015

De Mnémosyne et Clio

Les Grecs - d’avant Monsieur Tsipras – ont fait de la mémoire, la mère de l’Histoire. Mnémosyne, déesse de la mémoire, enfanta notamment Clio, muse symbolisant l’Histoire.

C’est parce que l’homme se souvient, qu’il étudie le passé et en érige l’étude en science. Mais l’inverse est aussi vrai : c’est par l’écriture de l’Histoire que la mémoire se crée. La mémoire et l’Histoire sont en relation dialectique, se nourrissant l’une de l’autre mais restent structurellement différentes.

Chaque 14 juillet, la mémoire française célèbre la République. Or le 14 juillet fut beaucoup de choses – en réalité deux – mais en aucun cas ce ne fut un événement républicain. Le 14 juillet 1789 fut la prise de la Bastille c’est-à-dire d’une prison quasi vide, symbolisant l’arbitraire des lettres de cachet mais dont Louis XVI avait déjà décidé la destruction. Le 14 juillet 1790 fut la fête de la Fédération c’est-à-dire la célébration de la monarchie constitutionnelle. Histoire et mémoire sont radicalement distinctes mais c’est parce que l’Histoire a fait connaître le 14 juillet que la mémoire s’en est emparée et en a perpétué une idée inexacte qui est devenue une exacte représentation d’un sentiment collectif.

A cet égard, l’enseignement de l’Histoire n’a pas pour objet de perpétuer une mémoire c’est-à-dire un sentiment collectif construit à partir d’une représentation du passé mais bel et bien d’enseigner ce passé, laissant à celui qui l’ayant appris, le connaît, la possibilité de se l’approprier d’abord et de l’interpréter ensuite.

Le risque à ne plus enseigner l’Histoire dans sa continuité chronologique et factuelle est de laisser la mémoire prendre le pas sur elle, c’est-à-dire de permettre à la perception et au sentiment d’une réalité de prendre l’avantage sur la réalité elle-même.

Ce serait un immense désastre car si contrairement à ce que pensait Lénine, la vérité n’est pas toujours révolutionnaire, elle reste une barrière à l’obscurantisme.

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