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Le blog de Stephen Monod
24 novembre 2016

De la Tente à l’Isba

En 1814, Alexandre Ier dont les troupes occupaient Paris y fut acclamé par beaucoup et en faiseur de roi, contribua au retour des Bourbons. L’Histoire est un perpétuel recommencement et après avoir assuré sa propre emprise sur la Russie et avoir largement contribué à l’élection de Monsieur Trump, voilà que Monsieur Poutine s’évertue à propulser Monsieur Fillon vers l’Elysée.

Les relations extérieures sont paradoxalement les habituelles absentes des débats électoraux ; paradoxalement car sitôt élu, l’impétrant préfère le jeu planétaire où son influence est relative, aux questions internes où son pouvoir est grand. Si atténué que soit devenu le poids de la France dans le monde, il n’est pour autant pas négligeable car celle-ci reste dans le club fermé des puissances nucléaires et même si elle ne peut agir hors ses frontières qu’avec le soutien de ses alliés, elle y paie l’impôt du sang. C’est parce que ce rôle de la France existe que justement les choix de politique extérieure doivent demeurer l’un des paramètres déterminants d’une élection et c’est à cette aune aussi qu’il convient de mesurer la candidature de Monsieur Fillon que celui-ci fonde sur ses attaches libérales et chrétiennes.

Libéralisme et valeurs chrétiennes ont en commun avec le marxisme, de ne pouvoir se découper en rondelles sauf à perdre leur cohérence. Le libéralisme est d’abord une pensée de la liberté qui fut au XIXème siècle une composante essentielle de l’évolution vers la démocratie. Le libéralisme se dénature lorsqu’il ne retient de sa doctrine que le volet économique et prétend accommoder le monde marchand aux dictatures. La pensée chrétienne, synthèse improbable de la pensée juive et de la philosophie grecque, s’accorde de l’usage nécessaire de la force mais pas des amitiés particulières avec la barbarie.

Or, qu’est-ce aujourd’hui, que la politique russe (?) : l’alliance en Syrie avec un criminel de masse, la participation active aux crimes de celui-ci devenu par une sinistre ruse de l’Histoire le terreau du djihadisme qu’il prétend combattre ; la méconnaissance en Crimée du droit international le plus élémentaire ; la violation en Ukraine de la liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes ; l’usage calculé des pressions militaires ; la répression en Russie même, érigée en mode de gouvernance.

Face à cette dérive ignorante des principes les plus fondamentaux de la morale, le choix est entre fermeté et allégeance. L’allégeance se drape toujours d’un prétexte, en l’occurrence le combat juste et légitime des démocraties contre l’état islamique, oublieuse qu’une barbarie n’en justifie pas une autre.

Il n’y a pas de candidat faisant le plein des convictions de chacun mais il y a des candidats qui réveillent le Non Possumus des Apôtres. Alors que Monsieur Fillon était Premier Ministre, les Français interdits ont vu Khadafi planter sa tente à Paris. Evitons que bientôt Monsieur Poutine n’y installe son isba.

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