Du Septennat
Du Septennat
Soit Monsieur Hollande a fait un bel ouvrage et il ne paraît pas utile de penser en confier la poursuite à son premier commis; soit l’ouvrage de Monsieur Hollande est mauvais et on voit mal que le premier commis fasse mieux. D’aucuns voudront justifier le troc éventuel par une analyse des personnalités, signifiant que le premier commis aurait meilleure étoffe que le Président. La démonstration en serait incertaine, tellement l’image agitée du militant arrivé, peine à l’emporter sur celle ronde et réjouie de son ancien patron.
Ce qui est vrai de Monsieur Valls l’est aussi de Monsieur Fillon mais dans une moindre mesure. Le temps passé autorise à dire que les évidences d’aujourd’hui eurent été prématurées en 2007, voire impossibles en 2008. S’agissant du temps de travail, la démonstration en sera laborieuse car si le travail est créateur de richesses et donc d’emplois, il ne l’était pas moins il y a neuf ans. La réalité est que Monsieur Fillon, passé sans sas de décompression de Philippe Seguin à Margaret Thatcher, a su s’approprier la sensibilité aujourd’hui dominante de la droite : c’est à front renversé, ce que Mitterrand avait su faire à gauche dans les années 1970. Quant à la stature, Monsieur Fillon joue sur du velours tellement ses électeurs verront toujours une distance entre lui et les deux Présidents d’hier et d’aujourd’hui.
Au demeurant, le procès en insuffisance présidentielle est sur-joué. La Vème République a bénéficié pendant près de huit lustres, d’un quasi miracle capétien, avec un enchaînement successoral qui habitait la fonction. C’était évident de de Gaulle mais aussi de Pompidou, de Monsieur Giscard d’Estaing et de Mitterrand. Monsieur Chirac fut comme une transition, sorte d’Henri Queuille déguisé en Clark Gable. A partir de là, les Présidents devinrent et sans doute pour longtemps, normaux, c’est-à-dire dépourvus de la fibre qui distingue de l’ordinaire.
C’est justement parce qu’il prévoyait cette évolution inéluctable, ce retour aux personnalités de la IIIème République finissante ou de la IVème République, que de Gaulle donna à la fonction présidentielle l’onction du suffrage universel tout en lui conservant le temps long, hérité de l’amendement Wallon. Il aurait suffi de prévoir que le Président ne fût pas rééligible pour définitivement le détacher des contingences politiciennes. Au lieu de cela, Monsieur Chirac en ramenant le mandat présidentiel à cinq ans l’a ancré dans la banalité alors que ceux qui l’occupent et ceux qui aspirent à l’occuper sont eux-mêmes devenus banals.
Plutôt que de conduire le procès des personnes, il serait plus avantageux de réfléchir au retour du septennat, unique peut-être.