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Le blog de Stephen Monod
8 janvier 2015

De Charlie Hebdo

Du plus loin qu’une génération se souviendra, il y aura Hara-Kiri, Charlie Hebdo, Charlie Hebdo encore, l’irrévérence du trait, la causticité du verbe, une jeunesse qui se prolonge jusque sous les rides parfois.

Certes Charlie Hebdo choquait mais c’est le propre des démocraties de laisser choquer sous le contrôle exclusif du juge plutôt que d’escadrons de la mort, dans les cas circonscrits de la diffamation ou de l’injure.

Dieu a créé l’homme à son image mais beaucoup d’hommes le réinventent à la leur, tachée de sang.

Les mots d’Aragon sur Lorca reviennent en mémoire “le massacre toujours justifié d’idoles“ et “cette bouche absente“ en l’espèce ces bouches, “emplissant tout à coup l’univers de silence“.

La première tragédie est bien celle de la mort de douze personnes, parties de chez elles un matin pour y revenir le soir et qui n’y retourneront pas.

La deuxième tragédie est celle de la démocratie.

Journalistes de Charlie Hebdo et policiers sont tombés ensemble pour l’idée même de démocratie dont la liberté de penser, de dire et d’écrire est un des fondements.

Ils sont tombés parce que d’autres voulaient empêcher l’expression de cette liberté par le levier de la peur et si la peur devait engendrer une censure inconsciente, ce serait la démocratie elle-même qui deviendrait victime.

La troisième tragédie est celle de la nation tout entière qu’illustre le paradoxe de meurtres frappant ensemble rebelles à l’autorité et policiers dépositaires de cette même autorité, dont l’honneur fut de défendre Charlie-Hebdo.

En Afrique, au Moyen-Orient, en France même, militaires et policiers combattent l’hydre mais la ligne de front passe aujourd’hui n’importe où.

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