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Le blog de Stephen Monod
1 septembre 2016

De la facétie vestimentaire

Saint-Simon privilégiait une société de castes où chacune aurait vécu sans se mélanger, pure de toute bâtardise. Dans cet univers saint-simonien – du Duc pas du Comte -, revisité à la façon du XXIème siècle, le burkini eut naturellement trouvé sa place sur des plages réservées à ses seules adeptes. La France a évolué différemment et il n’y aura pas de réserves pour pratiquantes du burkini.

En réalité l’émotion suscitée par ce vêtement étrange n’est qu’une manifestation seconde d’une crise plus profonde entre composantes de la société française.

Bien que d’aucuns pensent que l’Histoire de France a commencé avec sa Révolution, la séparation du pouvoir politique et de l’autorité religieuse est bien plus ancienne: Philippe le Bel préféra être excommunié que de convenir que son pouvoir puisse procéder du Pape et Richelieu, tout cardinal qu’il était, persécuta les “Dévots“. La seule exception notable à ce principe fut l’ascendant que le pouvoir politique finit par prendre sur l’autorité religieuse par l’effet du Concordat qui assimila les clergés à la fonction publique, transformant les religions en une sorte de services publics spirituels. Paradoxalement, la loi de 1905 rendit aux religions leur liberté en les dégageant de l’emprise de l’Etat: en Alsace toujours soumise au régime concordataire, c’est le Président de la République qui nomme les évêques !

Or, l’image que le monde musulman projette est celui de théocraties où le religieux a vocation à s’imposer au politique: le Roi du Maroc est Commandeur des croyants, le pouvoir en Iran est celui des mollahs et l’Arabie Saoudite applique la charia. Par delà la crainte identitaire d’un voile recouvrant le blanc manteau des cathédrales, le rejet est celui d’une théologie dont les normes différentes s’imposeraient à celles de la société civile.

Cette inquiétude est d’autant plus vive que les normes les plus visibles de l’Islam sont celles s’imposant aux seules femmes alors que l’égalité des sexes est une revendication ancienne des civilisations occidentales comme le démontrait a contrario Molière et comme l’ont justifié règnes et régences d’avant les démocraties.

Que faire ?

Tout d’abord raison garder et dispenser les pandores de poursuivre le burkini sur les plages comme le Gendarme de Saint-Tropez pourchassait les nudistes, relevant que dans les deux cas, c’est le corps de la femme qui est l’enjeu !

En deuxième lieu, réaffirmer le primat de la règle civile dans l’espace public avec toutes ses conséquences: les piscines ne sauraient être alternativement réservées aux femmes et aux hommes; les menus scolaires ne sauraient dépendre d’impératifs religieux.

En troisième lieu, redonner à l’enseignement de l’Histoire, sa dimension nationale -la victoire de Charles Martel à Poitiers en 732 est une victoire française- et s’assurer qu’elle soit sue.

Si la règle civile s’impose dans l’espace public et si l’Education Nationale est effectivement une éducation nationale, le burkini ne sera plus qu’une facétie vestimentaire.

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