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Le blog de Stephen Monod
26 mai 2016

De l’Eloge du 49-3

Parmi les sottises qui resteront de la Présidence de Monsieur Sarkozy, il y aura la restriction à un projet de loi par session parlementaire du recours à l’article 49.3 de la Constitution, sauf les projets de loi de finance ou de financement de la sécurité sociale.

La classe politique française est immature et comme avec les adolescents, l’immaturité oblige à une certaine sévérité. Il n’y a que deux façons responsables d’appréhender le travail parlementaire : les majorités d’idées ou une certaine discipline partisane.

La première façon requiert une forme aboutie d’intelligence collective. La loi El Khomri, même passée à l’essoreuse du débat parlementaire, est un pas en direction de ce que la droite propose et de ce qu’elle n’a pas su mettre en place lorsqu’elle était aux affaires. Si Les Républicains s’intéressaient à l‘intérêt du pays davantage qu’à regarder choir l’exécutif pour s’asseoir à sa place, ils auraient voté le texte et ainsi dessiné l’esquisse d’une démocratie moins infantile.

A défaut de majorités d’idées se construisant autour de textes, le citoyen est en droit d’espérer que la formation ou la coalition qu’il a portée au pouvoir demeure un tant soit peu cohérente le temps d’une législature. Et là, c’est la gauche qui étale au grand jour, un comportement d’école maternelle: élue sous la même étiquette mais incapable de s’entendre, elle glisse lentement vers le comique de décomposition. La cause de cette déshérence tient au choix initial de Monsieur Hollande de privilégier la tactique sur la stratégie, c’est-à-dire d’adopter une rhétorique de campagne résolument à gauche à la seule fin d’être élu alors que les impératifs de la durée rendaient nécessaire une politique plus centriste.

C’est parce qu’il connaissait cette fragilité consubstantielle à l’univers partisan que Michel Debré dont la statue coulée en bronze et dorée à l’or fin devrait orner la cour d’entrée de l’Hôtel Matignon, inventa le 49.3, antidote magique aux poisons d’un personnel politique à la dérive.

Rappelons que ce merveilleux article dont le gouvernement doit désormais user avec parcimonie lui permet d’engager sa responsabilité sur un texte lequel est adopté à défaut du vote d’une motion de censure, étant entendu que dans ce cas, seuls les votes hostiles sont comptabilisés permettant de faire masse de ceux qui soutiennent l’exécutif et de ceux qui se seraient abstenus.

On ne déplace pas le corps électoral, une première fois désormais pour jouer à la primaire, deux fois ensuite pour choisir le Président et encore deux fois pour élire les députés, pour que tout ce petit monde se comporte comme des enfants gâtés.

 

 

 

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