De l'indifférence
Monsieur Trump triomphe aux élections primaires de son parti alors que les dirigeants de celui-ci ne pensent qu'à l'empêcher d'être investi. La Place de la République fut longtemps investie d'insomniaques résolus à troubler le sommeil du quartier. La droite extrême domine les urnes autrichiennes après avoir remporté les élections en Pologne. La Russie et la Chine passent pour les puissances du jour. Le Royaume-Uni s'interroge sur son appartenance à l'Europe comme beaucoup d'autres peuples d'ailleurs, auxquels la question n'est pas posée.
Cet inventaire à la Prévert illustre la crise de légitimité qui touche la démocratie représentative. Née de l'idée d'une délégation de pouvoirs de tous à quelques uns et limitée dans le temps, la démocratie représentative s'est mutée en un métier, finalement perçu comme impuissant.
Pour s'en tenir à la France, le métier est depuis longtemps un vase clos où s'agitent élus et journalistes qui se parlent et se flattent mutuellement dans l'indifférence générale. Celle-ci est née du constat banal que les politiques, de gauche ou de droite, sont sensiblement les mêmes parce que contraintes par les nécessités et que leur résultat est par conséquent à peu près identique. Plus gravement, la démultiplication des strates du pouvoir -départements, régions, nation, Europe- rend celui-ci anonyme, hors du contrôle de l'électeur, en réalité abandonné aux administrations qui ont pour elles l'avantage de la permanence.
Lorsque la démocratie cessant d'être une espérance, ne suscite plus qu'indifférence, il devient urgent de la traiter.