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Le blog de Stephen Monod
9 octobre 2014

De l'apesanteur

Au premier regard, tout distingue Monsieur Hollande de Monsieur Sarkozy. Ancien élève surdoué qui enchaîna HEC, Sciences Po et l’Ena dont il est sorti dans la botte, Monsieur Hollande a passé une longue partie de sa vie politique à cacher sa qualité intellectuelle derrière un physique de Benny Hill et des exercices successifs de synthèse socialiste laissant de lui l’image d’un entremetteur permanent entre courants et éléphants de son parti. Ancien élève médiocre, au parcours universitaire banal, organisateur des réunions du RPR façon disc-jockey, Monsieur Sarkozy répète et fait répéter à l’envi qu’il est intelligent comme s’il devait s’en convaincre lui-même – imagine-t-on Monsieur Giscard d’Estaing se sentant tenu de faire dire qu’il est intelligent ? – et en outre expose aux photographes son corps en exercice, soucieux d’une image élitiste et populaire.

Pourtant, lorsque l’on approfondit le regard sur ces deux personnages, ils apparaissent dans la similitude de leur génération. Cette génération née dans le mi-temps ou à peu près des années 50 en France et plus largement en Europe de l’Ouest, est unique et le sera longtemps par son ignorance charnelle du tragique de l’histoire. La guerre froide fut peu ressentie car les fusées américaines prévenaient les russes qui se disaient alors soviétiques, de débouler au-delà de leur glacis. La guerre tout court, du moins sur le vieux continent, semblait abolie pour avoir atteint le fond du possible lors des deux conflits mondiaux : certes il y avait le Vietnam qui permettait à la jeunesse de gauche de se dégourdir les jambes sur les grands boulevards mais au fond c’était si loin ….Par ailleurs, le sida n’existait pas, la pilule était disponible sur ordonnance et le chômage n’était pas endémique.

D’où cette image de grands enfants qui se dégage de Monsieur Hollande et de Monsieur Sarkozy, à l’identique. Ce dernier a fait vivre sa vie sentimentale à la France entière presque en direct alors que son successeur se fit surprendre comme un adolescent en scooter à la porte de sa maîtresse. En politique aussi l’un et l’autre ont eu et ont toujours des accès d’infantilisme. Monsieur Sarkozy, pétri de bonnes intentions, à l’écoute de son ami faux penseur qui se prend alternativement pour un ministre des affaires étrangères et un chef d’état major des armées, a contribué à transformer la Lybie et plus largement l’Afrique en poudrière islamique, laissant à son successeur le soin de s’en occuper, plutôt bien au demeurant. Lequel successeur se laisse plus que de raison rattraper par l’immaturité idéologique de son parti, l’un et l’autre se passionnant pour le sexe des mots et s’arrogeant à propos du congé de maternité, l’autorité d’organiser la vie des familles.

Ce ne sont ni Monsieur Hollande ni Monsieur Sarkozy qui peinent à être un Président, c’est une génération entière qui a traversé sa vie en apesanteur. Que l’on se rassure, elle passera.

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