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Le blog de Stephen Monod
28 août 2014

De l'illusion du frisson

Tout un chacun qui est allé à l'école sait qu'à trop méconnaître l'autorité du maître, on finit au piquet avec son ou ses compagnons de chahut.

Tout un chacun qui connaît l'abécédaire du droit du travail, sait que le dénigrement de son employeur peut être une cause de licenciement, voire une faute grave.

Il n'y a que l'univers politique qui semble ignorer ces règles de bon sens. Ainsi, Monsieur Chirac encore premier ministre s'érigeait en critique de Monsieur Giscard d'Estaing alors Président de la République. Mal lui en prit, car Monsieur Sarkozy fit de même à son endroit lorsque ce dernier fut son ministre de l'intérieur.

Prenant modèle sur ce passé, Monsieur Montebourg a cru pouvoir incarner une politique  contraire de celle du gouvernement auquel il participait et en outre sombrer dans l'ironie lourde et l'irrespect envers le Président de la République. L'étonnant n'est pas qu'il fût limogé mais qu'au dire des gazettes, il en ait été surpris et que la France entière ait cru vivre depuis son bord de plage, un événement grave, voire une crise de régime. L'exclusion d'un trublion n'est pas un séisme.

L'opposition s'est crue obligée de commenter la chose sur un ton emphatique pour tenter de donner à croire au bon peuple qu'une dissolution était proche et son retour au pouvoir imminent: quelle que soit la majorité, l'opposition se trompe toujours en pensant devoir s'exprimer sur tout par crainte de cesser d'exister si elle était prise en flagrant délit de silence.

Même en se projetant dans un futur prévisible, l'incident sera sans conséquence.

La politique du gouvernement était tracée, sa mise en œuvre acquise et le nouveau gouvernement ne la fera ni mieux ni moins bien qu'il ne l'aurait faite sans ce hoquet.

Le paradoxe qui secoue la gauche entre fidélité à son ADN égalitaire et ralliement déjà ancien à l'économie de marché, continuera à lui donner la tremblante du mouton à intervalles plus ou moins rapprochés sans qu'elle ne se scinde car ce serait un suicide électoral et sans qu'elle ne parvienne à une synthèse tant les différences sont tranchées.

De même le gouvernement ne sera pas gêné par ses frondeurs du Palais Bourbon car les fondateurs de la Vème République avaient justement à l'esprit l'hypothèse d'une majorité indisciplinée voire incertaine: aucun parlementaire socialiste ne se risquera à un conflit avec l'exécutif car la peur de la dissolution et d'un retour prématuré devant l'électeur aura raison de ses convictions.

Ce fut donc une tempête dans un verre d'eau donnant à certains l'illusion du frisson.

 

 

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